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                                                                        Philosophie critique de l'astrologie


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CLASSIFICATION DES MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ ASTROLOGIQUE






Les Bororo, tribu du centre de l’Amazonie, lorsqu’on les interroge sur le perroquet Arara qui leur sert de totem, et dont ils portent l’emblème sur la partie la plus intime de leur corps, sous la forme d’un étui pénien décoré de plumes, disent qu’ils sont des Arara. Von den Steinen lors de son voyage au Brésil dans les années 1890 rapporta le fait et ce fut le point de départ de la réflexion de Lévy-Bruhl sur la “mentalité primitive” entre 1910 et 1949.


Lorsque Von den Steinen demandait aux indigènes s’ils utilisaient cet énoncé de façon métaphorique, ils répondaient que c’était là leur identité, car ils s’identifiaient à leur totem, le perroquet rouge. Et ils veulent être traités comme tels. C'est une identité essentielle. ” (L. Lévy-Bruhl, Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures, Paris,Alcan, 1910, p. 77-78).


Selon les étapes philosophiques, le monde existe (Aristote). Ce monde je le pense par moi même , ego est ergo sum, (Descartes). Mais le monde est pensé différemment par ceux qui le pensent, c’est le tournant linguistique.


Pour Von den Steinen, les bororo sont un peuple de la nature, naturvolk, au sens Hégelien du terme, car selon lui, ils ignorent la caractéristique humaine. A savoir la conscience de soi. Ainsi ils affirment que leur identité est substantielle à autre chose qu’eux, un perroquet symbole.


Lévy-Bruhl en revanche est d’un avis différent de cette approche réductrice, en ce sens que, selon lui, les bororos pensent selon une autre logique soumise à un principe de participation : un individu peut-être autre chose que lui-même. Dès lors qu’il entretient une relation avec cette chose, affective ou non, sous la forme d’un attachement ou d’une représentation, comme par exemple leur totem symbole. C’est parce qu’ils vivent en société, en se rattachant à un ancêtre, ou symbole commun, que les bororos se sentent être en même temps des araras. Ainsi selon lui la mentalité primitive est «prélogique». Ce serait une logique propre au social communautaire.


En critique de Bruhl, Lévy Strauss pense que les bororos sont des araras constitue un énoncé totémique. Attachement du bororo à son animal totem par le biais de ce qu’il nomme une « homologie ».


Et Lévy Strauss pense que cet énoncé restitue une structure sociale, dans la mesure où les bororo se comparent à une tribu voisine les Trumai, ayant pour totem un animal aquatique. Il est préférable d’être un  perroquet qu’un animal aquatique. Ainsi donc on assiste à un rapport de force dans un contexte social, avec une revendication d’appartenance, et de domination, d’un groupe sur un autre. D’où une analyse structurale des clans dans la société. Une logique de classification, et de distinction, ainsi que de domination d’un groupe sur un autre.


Un autre problème doit aussi être pris en considération, celui du sens de la traduction, ou de l’interprétation sémantique. L’énoncé transcrit correspond-il ou non à la chose désignée. Le totem est-il bien un perroquet, et les mots employés désignent-ils bien l’homme qui s’identifie au totem. Le mythe de la signification voulue par l’indigène. Ce qui renvoie aux philosophes analytiques tels que celle de Quine à propos de la signification du mythe. Mais il semble ici que le totem est bien le perroquet, et non un lapin, et l’homme l’énoncé exact.


On est donc forcé de revenir au mythe originel, et à sa critique. Sur un point Lévy Strauss, par le structuralisme, et Lévy-Bruhl par l’analyse des mentalités, se rejoignent, en ce sens que pour ce dernier la mentalité primitive est une disposition mentale percevant à la fois les causalités naturelles et surnaturelles (la volonté de l’ancêtre ou du totem se manifestent selon des formes de croyances reçues). Là où Lévy Strauss y verrait une mytho-logie attachée à un fait, un événement, ou un accident quelconque. Pour Lévy Strauss, le mythe raconte une histoire primordiale selon une forme de récit social propre. Le mythe aurait ainsi la fonction d’opérer des conversions de sens dans une structure, soit pour diffuser une idée, soit encore comme vecteur d’explication dans un contexte, dépourvu de sujet et de prédicat.


Pour évoluer il devient alors nécessaire d’inclure la logique de l’événement dans la formulation identitaire « les bororos sont des araras » afin qu’elle prenne un sens utilitaire.


Ainsi à partir de l’ontologie de Deleuze (la logique du sens 1969) Deleuze formule une logique dans le structuralisme de Lévy Strauss en ces termes. En se fondant sur la logique des Stoïciens. Par le rapport sujet prédicat appliqué aux événements. Socrate est un homme. Les hommes sont mortels. Donc Socrate est mortel. Le syllogisme classique. Il fait jour, il fait clair. Il ne fait pas jour donc il ne fait pas clair. Faire jour et faire clair sont 2 événements susceptibles de se réduire à un énoncé. Et donc conceptualiser une participation entre 2 événements. Ainsi, dans sa vie ordinaire le bororo bororise (chasse, pêche,cueille,mange etc..). Mais lorsqu’il se produit lors d’une danse rituelle du clan il bororo ararise. Car il participe alors à son totem. Il le rencontre, il s’en sert pour réaliser, ou concrétiser, un événement. Il manifeste ainsi une expression du clan, autant pour son compte que pour celle de sa communauté.


APPLIQUONS MAINTENANT CES OBSERVATIONS A LA COMMUNAUTÉ ASTROLOGIQUE.








COMMUNAUTARISME DU LANGAGE


Analysant les individus, attirés par l’astrologie, Serge Bret Morel proposait une analyse philosophique sous la forme d’un classement. Sur le fondement des intérêts exprimés. Soit une tentative d’identification sur le mode des bororo, en établissant une composition structurelle de la tribu. Selon des modèles de comportements.


Ainsi SBM identifiait sans distinction de sexe, celui ou celle qui «s’intéressait à l’astrologie». Selon une approche des expressions d’intentions, ou des inclinations personnelles, lui permettant d’apprécier les différents niveaux des acteurs selon leur engagement respectif. Sans toutefois reconnaître entre ces différents individus des éléments constants, partagés, ainsi qu’une ou des similitudes permettant de les regrouper.


Cette forme d’expression sociale ayant selon lui une signification limitée « Il n’est pas possible d’établir le portrait robot type de celui qui s’intéresse à l’astrologie». Une restriction fondée sur son appréciation simplificatrice des comportements individuels. Aux motifs de l’impossibilité de distinguer entre eux, les lecteurs compulsifs d’horoscopes journaliers, les croyants, les convaincus, les demandeurs de conseils, bref la difficulté d’établir un profil. A partir duquel dessiner des caractéristiques communes, afin de reconnaître des aptitudes collectives.


  Il établissait une classification sommaire en 4 catégories, à partir d’observations comportementales, étagées du pro à l’amateur. Inversement proportionnelle aux degrés d’implications exprimés par ces différents acteurs.


Ainsi dans son classement, les astrologues (catégorie 1) tirent leurs revenus de leurs pratiques, sans nécessairement être des experts. De simples praticiens ignorant souvent les théories qu’ils appliquent. Alors que les astrophiles (catégorie 3), désignent les amateurs aux connaissances pointues, férus en doctrines, sans pratiques, expérimentations sérieuses ou expériences.


En seconde catégorie il place les astrologisants, des semi pro développant une forme de savoir faire personnel, amateurs traditionnels non spécialisés. Et en quatrième catégorie les astrogogos ou astrosuperstitieux. Ceux qui paient, croient, subissent et militent activement pour la défense de l’astrologie. En somme les clients de base.


SBM reconnaissait que le rassemblement de ces 4 groupes formerait une communauté potentielle, tout en la niant aussitôt, au motif de l’absence entre eux d’un lien unificateur : «Ces quelques catégories naturelles de la communauté astrologique peuvent donc exister et coexister d’abord et avant tout parce que la dite communauté n’est pas structurée par un enseignement ou des textes communs ». Une proposition de cohabitation particulièrement contradictoire, et caractéristique de la pensée de SBM.


Une communauté peut-elle, en effet, exister sans partager un élément collectif rassembleur de toutes ses tendances? L’hypothèse d’un voisinage sauvage de plusieurs composantes suffisait aux besoins de la démonstration de SBM, sans qu’il se sente obligé de lui donner une ossature. Il faut donc dépasser cette apparence artificielle, et trouver le lien de base unissant ces individus de provenances diverses, tant en France, en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Occident, en Asie, en Inde notamment, ainsi qu’en Afrique. Il existe.


A quelle filiation se rattachent tous ces individus étrangers les uns aux autres?


Les membres de cette communauté revendiquent collégialement une identité similaire, en se réclamant de la manifestation d’un signe céleste, sur lequel ils affirment avoir l’exclusivité d’interprétation (active ou passive).  


Les astrologues, si on les conjugue sous une forme verbale, astrologuent. Ce sont les interprètes des manifestations des signes du ciel, comme les bororos sont des perroquets rouges. Le totem des astrologues représente une configuration dans le ciel. N’importe laquelle. Le signe céleste justifie l’existence de leur communauté. Telle est la signification fondamentale de leur existence.


Astrologuer consistant à employer un vocabulaire, astrologique ou non. Utiliser, ou lire des mots, quelle qu’en soit la langue, se rapportant aux prévisions signifiantes exprimées par la manifestation d’un signe. Peu importe, dans cet exercice, la position occupée, amateur, atypique, averti, ou abruti.


Lorsque ces bororo ararisent, leurs totems expriment alors un ensemble de rapports sociaux de domination, absents de l’échelle des 4 catégories de SBM. Dans laquelle les praticiens manquent de savoirs, les savants d’expériences ou d’exercices. Et où trois catégories en dominent une, celle des gogos.


La typologie sauvage de SBM nous parle d’une communauté imprévoyante, où l’on n’anticipe rien. L'astrologue praticien est un ignorant qui se rémunère en exploitant la bêtise de l’astrogogo. L’expert instruit de savoirs théoriques, se révèle dépourvu de qualifications, notamment de compétences car inexpérimenté de métier.


Cette caricature dissimule la réalité, notamment un paradoxe. Les adeptes de la communauté du signe détiennent-ils un pouvoir prédictif? Ou se servent-ils de son apparence, uniquement afin d'exercer un pouvoir de domination, parce qu'ils manquent d'informations suffisantes sur les propriétés de l'inconnu?


GDB et claude thebault éditeurs d'Astroemail 11/2013



- Analyse de Serge Bret Morel sur les 4 stades d'intérêt, parue l'été 2009, dans Astrologica, sous le titre Astrologues, astrologisants, astrophiles et astrogogos : un autre aperçu de la communauté astrologique (1)



1- http://www.lastrologie-et-la-raison.net/astros_xx.htm






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