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LES ARCHIVES DE LA SUCCESSION DE MORIN




© 2015 ASTROEMAIL L'enquête à travers l'histoire de l'astrologie


Morin : les secrets de ses notaires







   Février 2015, Aurélier Ruellet, spécialiste en histoire de la Renaissance, publiait sur un site académique d'archives libres, une retranscription, partielle, des papiers de succession de Jean Baptiste Morin, suite à la thèse qu'il soutint en 2014 sur ce sujet. Ces documents (testament et état des lieux d'habitation) nécessitent, pour leur compréhension, de détenir des connaissances dans plusieurs disciplines, notamment d'être juriste de formation, ainsi que canoniste, afin de restituer les éléments de l'existence de Morin. Autre condition, connaître la vie de l'astrologue. La vraie, pas sa nécrologie épique et rocambolesque.


Analyse des Publications

Les notaires parisiens De Saint et Jean Chalons furent appelés, quelques heures avant que Morin n'expire, le 5 novembre 1656, afin de recevoir ses dernières volontés. Des dispositions révoquant ses testaments antérieurs. Un testament in extremis!


Le testament fut reçu oralement l'après midi du 5, Morin décéda à 2 heures du matin le 6. Les 7 et 8 novembre les mêmes notaires procédèrent au constat de l'état des lieux de son domicile, rue des Morfondus, Faubourg Saint Marcel à Paris, en face du couvent des Doctrinaires, dans la paroisse de Saint Etienne du Mont.Le dernier constat concernait une malle remise par Morin, à son exécuteur testamentaire, Guillaume Tronson, fils du Conseiller Tronson, à son hôtel du 6 faubourg Saint Germain des Près, rue neuve Saint Lambert. A cette époque, Saint Germain des Près était un quartier de Paris mal fréquenté, l'équivalent du Pigalle d'aujourd'hui[1].


Les états des lieux contredisent les affirmations de l'abbé de Laubérie, auteur de la Nécrologie de Morin.


Aurélien Ruellet rendit public la restranscription (partielle) du testament et deux constats, sans livrer d'informations légatrices, notamment concernant L.Tronson (1622-1700), filleul de Louis XIII que Morin orienta vers les ordres. Ni non plus les données notariales sur la liquidation de la succession. Il est vraisemblable que les derniers actes furent passés en mai 1658.


- Première révélation, elle concerne tout d'abord un acte du 19 mai 1656, par lequel Morin résigna sa charge de professeur du Roy à François Blondel, militaire, auteur d'ouvrages de fortifications, connu pour sa vie "de débauches" ainsi que le rappelle l'ouvrage de l'abbé Goujet, auteur du Mémoire Historique et Littéraire sur le Collège Royal de France. Cette information était inconnue de tous les biographes de Morin, notamment les Dictionnaires spécialisés, dont celui de Pierre Bayle. Aurélien Ruellet tait les données de cette transaction, passée devant les mêmes notaires, et dont l'original est encore consultable. On sait que Gassendi fit de même pour sa charge qu'il résilia pour 1000 livres. Morin transigea plus cher.


- Seconde révélation, dont la portée est encore plus importante à apprécier, Morin était un ecclésiastique Régulier. Un homme du clergé. Il reçu la tonsure et la confirmation de l'archevêque Henri de Gondy, le 2 avril 1616, soit à peine moins de 8 jours de son retour des mines d'argent de Hongrie. Voyage décrit dans Nova Mundi Sublunaris Anatomia, son premier ouvrage publié en 1619. Pendant 40 ans Morin vécut selon les régles du Droit Canon, et cela efface la partie picaresque de sa Nécrologie parue en 1660. Ainsi Morin ne payait pas d'impôt au Roi, privilège de son ordre. Il relevait des tribunaux ecclésiatiques. Deux nouvelles catégories d'archives sont à inventorier pour la période 1616-1656.


Morin portait la soutane, et la tonsure. Son portrait exécuté de face, interdit de s'en rendre compte


- Troisième révélation, Morin est mort en laissant de l'argent, puisque l'inventaire des instruments monétaires de sa succession fait apparaitre l'existence de lettres de change, et d'un détenteur pour le compte de Morin de la somme 29000 livres.


La somme en cash à son domicile se montait à 939 livres, 14 sols. Une ordre d'appréciation consiste à savoir qu'au titre de la location annuelle de son domicile il payait 200 livres, à la Saint Rémy, à son bailleur Jean et Louis Girard, et les gages de sa bonne 75 livres par an. Il disposait, sous diverses formes monétaires, de 4 années de loyer et presque 2 années de gage de sa domestique.  


Enfin, selon mention reproduite par Aurélien Ruellet, il apparait que Morin reçu son titre de médecin 10 ans plus tôt que la date indiquée dans sa nécrologie, "les lettres de docteur accordées et concédées au feu sieur Morin en Avignon l'an mil six trois, le neuf may signé Bouzonens." Une vérification s'impose aux Archives d'Avignon afin d'éclaircir ce point, ayant une importance considérable.


L'inventaire de ses effets personnels permettent de reproduire une image précise de son costume, ainsi que de ses vêtements d'intérieur. Sombres et austères. Son domicile comportait 3 étages sur cave, un rez de chaussé, une chambre de 1er étage servant de bureau de travail (estude), "une table de bois de haistre posée sur deux tréteaux sur laquelle il y a un tapis facon de tapisserie de Rouen prisée (3 livres)...une chaise de bois blanc couverte de nattes et peinte en vert prisée (6 sols)", une chambre au second étage, servant de coucher, avec un donjon, et un grenier, avec un jardin. On retrouva son sabre dans sa gaine, ainsi que la hallebarde mentionnée par Bayle. Sans oublier ses toilettes : comme Henri III, une chaise percée (prisée 12 sols).


Plus étonnant, Morin percevait le chômage de l'époque, puisque l'inventaire fait état d' "une quittance du cinquiesme novembre m vi cinquante cinq (1655) signée Chambre de la  taxe des pauvres payées audit défunt pour ladite année inventoryé...pièce neuf". Somme non mentionnée par Aurélien Ruellet.


Il apparait que la bibliothèque de Morin, inventaire de 311 ouvrages, contrairement à sa nécrologie, resta chez lui, l'inventaire assez curieusement en brade le contenu, pour des sommes ridicules (un paquet de livre six volumes 30 sols, un autre paquet de 7 volumes 12 sols), alors que l'on possède des inventaires parisiens pour la même époque précis sur les titres et les prix[2] notamment. Nulle mention de ses manuscrits, par Aurélien Ruellet, ni des dispositions relatives à son patrimoine littéraire. La bibliothèque de l'astrologue, sous réserve d'en connaître l'inventaire, partit à l'encan, soldée, sacrifiée à prix cassé, bazardée.


Il reste à calculer la totalité des dons pour les messes. Ainsi qu'à établir l'actif de son patrimoine, et le passif. Morin se montra pingre pour les pauvres, 30 livres pour les pauvres honteux en beaujolais, et 10 livres à ceux de sa paroisse Saint Etienne du Mont à Paris.


A son ami intime, de Lauberie 100 livres, et 200 livres à titre d'annuel supplémentaire, pour une messe célébrée au repos de son âme, par ce prêtre à Saint Etienne du Mont (tant qu'il y aura de l'argent pour payer), disposition non limitée dans le temps, en 10 ans cela fait 2000 livres d'annuels. Dont 300 livres en legs compris en 1656 (un peu moins de 3000 euros)..


En revanche un secret garde sa confidentialité : de quoi Morin est-il mort? Le testament indique qu'il était conscient lorsqu'il testa, selon constat des notaires, avec un début d'acte tronqué par Aurélien Ruellet :


"Fut présent noble homme Jehan-Baptiste Morin professeur du Roy en Mathématiques demeurant faulx bourg St Marcel rue des Morfondeus paroisse St Estienne du Mont, gisant au lit mallade de corps, sain toutesfois d'esprit, mémoire et entendement ainsy que de prime face il est apparu auxdits notaires soubsignez par ses parolles et maintien, lequel considérant en luy que briefs sont les jours de toutte humaine creature et qu'il n'estant plus incertain que l'heure de la mort de laquelle ne désirant être surpris sans tester et pendant que sens & raison sont en luy regisseur & gouvernent ses pensées mémoire et entendement; a voulu disposer..."


A l'exception de sa pathologie, non documentée, mais possible à retrouver, l'hypothèse la plus probable semble être une prise d'émétique et de vin d'antimoine. Morin victime de la chimie qu'il pratiquait, et qui lui attira la haine de son collègue Guy Patin.


A Suivre...



claude thebault

06/15




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NB : Ce texte, analyse, pièces, enquête historique, arguments sont sous copyright

1- La Compagnie de Saint Sulpice par Henri Joly, de l'Institut, Librairie Bloud, Paris 1914

2- Livres, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle (1598-1701)  Henri Jean Martin. Les livres de Gassendi était vendus 6 livres pièce, ceux de Descartes 25 livres, cours de philosophie 14 livres 59. Platon 9 livres.




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